
Dans le cadre d’un appel d’offres, le DPGF (Décomposition du Prix Global et Forfaitaire) est bien plus qu’un tableau chiffré. C’est un document de dialogue entre le maître d’ouvrage et l’entreprise. Il permet d’évaluer non seulement le coût, mais aussi la compréhension technique du projet. Dans le secteur CVC, où les prestations sont multiples et parfois complexes, le moindre oubli ou la moindre incohérence peut jouer contre vous. Voici un panorama des erreurs les plus fréquentes observées dans les DPGF, ainsi que des recommandations pour les éviter.
1. Un DPGF incomplet ou trop général
C’est l’erreur la plus fréquente : fournir un DPGF trop léger, mal détaillé, ou simplement copié-collé d’un précédent projet. Or, chaque chantier a ses spécificités. Un DPGF incomplet donne l’image d’une entreprise qui n’a pas pris le temps de bien lire le DCE ou qui sous-estime les contraintes techniques. Dans certains cas, cela peut même être interprété comme un manque de sérieux, voire un risque futur pour le chantier.
Dans les lots CVC, les postes doivent être détaillés par phase (dépose, fourniture, pose, raccordements, réglages, équilibrages, essais, etc.), avec une décomposition logique et exhaustive. Oublier des lignes telles que la mise à la terre, les supports, ou les prestations de finition (isolation, calorifugeage) peut coûter cher, soit en points à l’analyse, soit en marge à l’exécution.
2. Un chiffrage approximatif ou globalisé
Certains DPGF sont remplis à la hâte, avec des prix ronds ou sans véritable ventilation. Cela crée un flou sur la répartition réelle des coûts, ce qui complique la comparaison entre candidats et peut soulever des doutes sur la fiabilité de l’offre.
Chiffrer "au global" un poste comme "Fourniture et pose CTA double flux" sans détailler le type de CTA, le nombre de ventilateurs, les réseaux associés, la régulation ou l’implantation précise peut être pénalisant. Il est préférable de ventiler le poste avec des quantités vérifiables, même si elles restent forfaitaires. Cela démontre une bonne compréhension du projet et une capacité à en maîtriser l’exécution.
3. Des incohérences entre le DPGF et le mémoire technique
Le DPGF doit toujours être cohérent avec le mémoire technique. Si un poste important est décrit dans le mémoire (ex. la régulation centralisée ou la GTB) mais qu’il n’apparaît pas clairement dans le DPGF, cela crée une dissonance dans l’offre. À l’inverse, si un poste est chiffré mais non expliqué, le jury peut considérer que vous surchargez votre offre sans justification.
Une relecture croisée est indispensable avant tout dépôt. Il faut s’assurer que les postes du DPGF trouvent un écho clair dans le mémoire, avec une logique de fond : ce qui est chiffré est expliqué, ce qui est expliqué est valorisé.
4. Une mauvaise utilisation du fichier fourni
Dans les marchés publics, les acheteurs fournissent souvent un DPGF prérempli ou un cadre à respecter. Modifier la structure du fichier, supprimer des lignes ou effacer des formules peut entraîner un rejet de l’offre. Ces documents sont parfois intégrés dans des outils de dépouillement automatisés : une mauvaise manipulation peut fausser les résultats.
Il est donc impératif de travailler sur une copie du fichier original et de respecter scrupuleusement la mise en page, l’ordre des postes, les formats attendus. Si des lignes doivent être ajoutées pour préciser certaines prestations, il convient de le faire de manière claire et discrète, sans perturber la logique du document initial.
5. L’oubli de prestations annexes pourtant incontournables
Enfin, certaines prestations dites "annexes" sont souvent oubliées ou sous-évaluées. Il s’agit par exemple de la mise en sécurité du chantier, des protections collectives, du nettoyage final, de la fourniture des DOE (dossier d’ouvrages exécutés), ou encore de la coordination SPS.
Ces postes, bien qu’ils ne soient pas toujours mis en avant dans le CCTP, sont systématiquement attendus à la livraison du chantier. Ne pas les valoriser, c’est risquer de devoir les assumer sans les avoir facturés. Un DPGF rigoureux inclura toujours ces prestations, même de manière forfaitaire.
Conclusion
Le DPGF n’est pas un document secondaire. C’est l’un des premiers éléments analysés par le pouvoir adjudicateur pour évaluer la fiabilité et la maturité de votre offre. Un DPGF clair, cohérent, bien structuré et fidèle au mémoire technique est un facteur de différenciation important. Dans un contexte concurrentiel, cela peut faire toute la différence.
Il ne s’agit pas seulement de bien chiffrer, mais aussi de montrer que vous avez compris le projet, anticipé les contraintes, et structuré votre offre avec méthode.
Pour les entreprises qui manquent de temps ou de ressources internes pour structurer un DPGF de qualité, il est possible d’externaliser cette partie à un expert métier. C’est un investissement qui peut largement se rentabiliser, dès le premier marché gagné.
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